22 octobre 2008
Disneyland Interview de Philippe Gas LCI
Après un peu plus de 15 ans d'existence, Disneyland Paris vient de dépasser les 15 millions de visiteurs. Autrefois habitué à des pertes abyssales, le parc semble avoir enfin trouvé son équilibre financier avec un résultat consolidé légèrement positif. Pour LCI.fr, Philippe Gas, son nouveau président revient sur la bonne santé du groupe dans une période agitée. Et nous glisse quelques informations sur les futures attractions et la visite de Nicolas Sarkozy....
Philippe Gas, Président d'Euro Disney
LCI.fr : Deux mois après avoir pris la tête d'Euro Disney, vous publiez des résultats plutôt encourageants....
Philippe Gas, Président d'Euro Disney : Pour nous, ils sont plus qu'encourageants, ils sont bons ! C'est le résultat de trois années de croissance, d'un travail de longue haleine. C'est une excellente nouvelle.
LCI.fr : C'est l'ouverture du deuxième parc en 2002, Walt Disney Studios, qui a eu cet effet bénéfique sur votre fréquentation et vos résultats ?
P.G. : Cela faisait en effet partie de notre stratégie d'extension pour devenir une destination de tourisme de plusieurs jours. Il fallait pour cela étendre réellement l'offre que l'on proposait à nos visiteurs. Il fallait ensuite faire mûrir ce deuxième parc. Walt Disney Studios est arrivé à maturité avec l'ouverture de quatre attractions, de nouveaux spectacles pour le dynamiser et l'étoffer afin d'atteindre une expérience au moins équivalente à celle du premier parc.
LCI.fr : Vu de l'extérieur, on observe encore un "paradoxe Disneyland Paris". Le parc enregistre des fréquentions plutôt flatteuses mais ne parvient pas à être vraiment rentable. Structurellement, vous est-il possible de gagner de l'argent ?
P.G. : On le prouve. Ce que nous regardons, c'est l'évolution du résultat. Il y a trois ans, on perdait 100 millions d'euros, et aujourd'hui, nous sommes à l'équilibre. Pour gagner de l'argent, il fallait avoir les bonnes bases et nous avons fait ce travail de profondeur sur les attentes de nos clients. Nous avons maintenant un excédent de trésorerie pour faire face à notre dette mais également à une crise éventuelle.
LCI.fr : A ce sujet, avez-vous déjà une idée de l'impact de la crise économique sur Disneyland Paris ? Redoutez-vous une baisse de la fréquentation ou des dépenses dans le parc ?
P.G. : Pour l'instant, il n'y a eu aucun effet même si nous avons peu de visibilité. La dépense moyenne dans le parc a même augmenté de 3%. La saison d'Halloween à Noël est très importante pour nous et reste très porteuse, en ligne avec nos attentes. Nous avons en revanche déjà des signes de ralentissement du côté des visiteurs espagnols, chez qui la crise a commencé plus tôt.
LCI.fr : La solution est-elle de multiplier les offres promotionnelles?
P.G. : Crise ou pas, nous y réfléchissons en permanence. Nous avons lancé un grand programme de flexibilisation baptisé "la magie sur mesure". Cela nous permet d'avoir une offre suffisamment large pour que les visiteurs puissent "se payer Disney" au prix qui est le leur. Cela peut passer par l'offre de demi-pension dans les hôtels, de nuits gratuites ou des réductions pour les "early bookers", ceux qui réservent longtemps à l'avance. On peut jouer sur d'autres critères que le prix du billet d'entrée et celui de la chambre d'hôtel. Nous avons lancé un grand programme de gratuité pour les enfants de moins de 7 ans, dans le parc et les hôtels, en basse saison. Le marché potentiel des comités d'entreprise est aussi très intéressant. Depuis deux ans, nous avons lancé un grand programme sur ceux des grandes sociétés, les "key CE".
Disneyland Paris doit remplir à l'année 8.000 chambres d'hôtel. Le taux d'occupation
dépasse les 90% pour la première fois.
LCI.fr : Vos visiteurs se tournent-ils davantage vers les restaurants les moins chers du parc ? Vers la restauration rapide plutôt que "L'auberge de Cendrillon", à 70 euros le repas ?
P.G. : Non, car déjeuner dans le parc est une expérience qui va au delà d'aller manger un steak ou un poulet : c'est l'expérience Disney. Dans le restaurant que vous évoquez, cela va permettre, par exemple, de devenir une princesse, d'entrer dans un monde imaginaire. Cela fait partie intégrante d'un spectacle et ce sont des choses sur lesquelles le gens ne font pas de compromis. Mais nous travaillons aussi sur une gamme de restauration variée en gardant en tête, puisque l'on parle de princesse, que chacun puisse trouver chaussure à son pied.
LCI.fr : La solution ne passe-t-elle pas également par la recherche d'une clientèle qui ne connaît pas la crise, comme les Russes et les Saoudiens, quitte à donner dans le cliché?
P.G. : Ça n'est pas qu'un cliché, c'est une réalité. Chez nous, les marchés mûrs sont ceux de la zone euro où nous sommes présents depuis 15 ans. Nous misons maintenant sur les marchés émergents, en envoyant des personnes qui vont faire connaître notre produit en Pologne, en Russie, ou au Moyen-Orient, Dubaï par exemple. Ce sont des lieux moins touchés par la crise, sans problème de pouvoir d'achat, et qui ont un fort potentiel. Mais il reste encore des possibilités de croissance en France qui représente déjà 44% de notre chiffre d'affaires.
LCI.fr : Allez vous revoir à la baisse vos investissements? Vous avez déjà consacré 240 millions d'euros aux nouvelles attractions en 3 ans...
P. G. : Ces attractions sont la clé de ce qu'est Disney : la création, l'innovation, la capacité de faire rêver les gens. Nous devons continuer à émerveiller et nous sommes déjà en train de réfléchir à notre prochaine phase d'expansion. Au-delà des grandes attractions comme la Tour de la terreur, qui sont des icônes, il y tout un travail créatif sur le divertissement, les parades, les shows, la manière dont on fait vivre devant les visiteurs l'histoire qu'on leur a raconté étant enfant. Il faut jouer sur les deux.
LCI.fr : Cela coûte moins cher que de nouvelles attractions... Disneyland aurait-il encore les moyens de lancer, en 2010 par exemple, une attraction aussi grandiose que Space Mountain?
P. G. : Cela prend un peu de temps de construire ce genre d'attractions ! Au moins trois ans... Oubliez 2010 mais dites-vous qu'en 2012, c'est le vingtième anniversaire d'Eurodisney. Il y a déjà des projets et même des plans mais il est trop tôt pour en parler...
LCI.fr : Ces derniers jours, on a beaucoup parlé d'un circuit de Formule 1 chez Mickey (Voir le sujet de TF1). Etes-vous un supporter du projet ? Est-ce que ça "colle" avec l'image du parc?
P. G. : D'abord, ça ne sera pas directement dans le parc. Nous avons simplement été approchés par la Fédération française de sport automobile il y a quelques mois et nous avons proposé de mettre à disposition un terrain et nos capacités d'accueil et de transport. Notre démarche, c'est de dire que nous sommes un des acteurs principaux du tourisme en Europe et qu'il nous semble important de garder un grand prix en France. Nous avons mis parallèlement des conditions très claires sur la perturbation en termes de pollution et de bruit sur lesquelles nous ne ferons pas de compromis. Lagardère Sport et Alain Prost travaillent avec nous sur ce projet qui serait un des plus rapides à mettre en oeuvre.
LCI.fr : Vous avez bénéficié cette année d'une publicité gratuite de plusieurs millions d'euros avec la visite éminemment médiatique du président de la République, pour la première fois accompagné de sa future épouse. Y'a-t-il eu un effet Bruni-Sarkozy à Disneyland Paris ?
P.G. : (Rires) C'est une bonne question ! Franchement, je ne pense pas. Il y a eu un effet d'annonce mais les gens ne viennent pas visiter Disneyland pour Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Cela reste Mickey... C'est pour lui que les gens viennent !
Voilà j'ai trouvé ça plutôt sympa donc à vous de lire....