Jolie Mareen,
Je t'envoie cette lettre après un séjour mémorable passé sur le parc, en compagnie de fous furieux.
Tu te doutes bien qu'il y avait les malades habituels : Audrey, Marie, Seb', Jessica, Amélie, Gertrude, Lucas, les deux Aurore, Sophie... mais aussi Fabienne, Rudy et Sylvie et ma petite Juju, Sylvie accompagnée de son mari et de ses deux piles électriques, François, Manu (deborah sur le forum, non ce n'est pas une femme), Edd, exceptionnellement Thomas... et puis Pat et moi bien sûr (les indispensables HAHA) ! Et plein d'autres... Mais pas toi !! A quand la belle Mareen avec nous ?!
La journée a commencé comme une de ces journées dont tu sais qu'elle va passer trop vite : les retrouvailles à 10h (avec plein de gens en retard, as usual), devant le point photo de Winnie, retrouvailles qui comprennent les câlins, les rires, les sourires, les rencontres avec les « first-meetingueurs » (ça fait toujours plaisir de voir de nouvelles têtes), les petits groupes de discussion qui se forment un peu partout (les fifilles d'un côté qui rient trop fort, les vieux qui discutent tranquille pépère, les geeks dont tu ne comprends pas le langage, les enfants qui jouent déjà, les fifous qui gueulent pour rien), et puis le choix d'une première attraction !
Pat a proposé un vote, mais tu les connais les DFCiens, leur capacité de concentration est très limitée. Du coup Gertrude a poussé sa gueulante, se mettant debout sur une chaise, afin de mobiliser l'attention de tout le monde. Sauf qu'un vote avec presque 50 c'est pas facile. Tout le monde n'était pas d'accord, mais finalement quand j'ai crié « PIRATES DES CARAÏÏÏÏÏÏÏÏBES » le reste de la troupe a répondu en cœur « A L'ABORDAAAAAAGE ! » ; ce à quoi Seb' a ajouté qu'on devrait peut-être prendre des fastpass pour BTM avant, histoire de le faire dans la journée. Conclusion, tout le monde est parti dans la même direction, troupeau de joyeuses personnes qui criant, qui sautant, qui riant, qui se faisant remarquer par les pauvres touristes interloqués, heureux de se retrouver.
Notre matinée s'est bien passée en somme. Après Pirates, nous sommes allés vers PM, où Iris travaille en ce moment, avant de commencer son contrat à la ToT. Notre soubrette préférée jouait son rôle à la perfection, comparé à d'autres CM qui semblent s'ennuyer à mourir. Ensuite l'heure fut venue d'aller se ravitailler ; Pat et moi sommes allés au Last Chance Café en compagnie des étudiants pauvres par définition, la plupart sont partis au Plaza Garden (buffet à volonté oblige, cette bande de goinfres ne peut résister) ; séparation temporaire avant laquelle nous avons convenu d'un rendez-vous devant BTM, à 13h.
A 13h05, nous étions à peu près tous devant l'attraction, certains étaient en retard, d'autres faisaient la sacro-sainte pause pipi. Raphaël et Samuel se faisaient cajoler par les filles, Juju et moi nous amusions à grimacer. Quand tout le monde fut là, nous entrâmes dans l'attraction par les fastpass, comme prévu, et je vis le pauvre CM faire les gros yeux en voyant le nombre de personnes que nous étions. Nous dûmes attendre quelques dix minutes avant d'arriver devant le train, durant lesquelles nous faisions plus ample connaissance avec les nouveaux venus, timides mais souriants, et nous amusions à faire n'importe quoi, comme crier des bêtises insensées (onche onche par exemple) ou nous shootions les uns les autres tels des paparazzis.
Un autre CM nous demanda combien nous étions et resta figé une minute lorsque nous lui répondîmes « 50 ! ». On commence à avoir l'habitude mais c'est toujours marrant.
Nous avons occupé quasiment 3 trains ! Assis dans les wagons (j'étais à côté de Thomas, ravi d'être parmi nous), pressés de commencer l'aventure, nous criâmes lorsque le speaker annonça les règles de sécurité habituelles et que le train s'ébranla. Le vent s'engouffrait dans mes cheveux, la vitesse n'était certes pas comparable à une attraction à sensations plus fortes, mais j'étais contente de visiter le désert de la mine appartenant à feu Mr Ravenswood. (Quoi, tu ne le sais pas ?! INCULTE ! Lis « De l'esquisse à la création », fissa!)
Le véhicule allait bon train (HAHA), et nous allions amorcer une montée (tu sais, avec la chèvre sur une caisse à ta gauche), quand le train commença à perdre de la vitesse... Nous étions déjà dans la montée, le train descendait, je paniquais !! Tout le monde hurlait. Puis, heureusement, le véhicule fut arrêté dans un freinage assourdissant. Nous attendîmes bien vingt minutes avant qu'un CM n'apparaisse et nous demande de descendre après l'ouverture des barres, en raison d'une panne.
Tu te rends compte ?! Panne à BTM ! Ça ne m'était jamais arrivé ! (Et pourtant Dieu sait que j'ai prié pour que ça se réalise un jour.) Tu comprends, c'est l'occasion unique de visiter un peu l'attraction, de faire des photos inédites ! En bref, de satisfaire notre curiosité de fans complètement timbrés. Imagine le topo lorsque nous sommes descendus : au lieu d'être effrayés, chacun était fou de joie. Le CM a dû se poser des questions.
Comme nous étions en haut de la montée, nous avons dû descendre pour retourner « à la base de lancement ». Deux CM nous encadraient, un devant et un derrière. Ça flashait de partout ! Les enfants s'amusaient à vouloir se courir derrière mais étaient restreints par l'exiguïté. A un moment Samuel, le plus jeune des deux fils de Sylvie, s'est perché sur une caisse pour regarder le lac en contrebas. Je décidai de prendre une photo de la pointe de l'attraction quand deux personnes passèrent derrière moi, manquant de me bousculer, et j'entendis un cri d'enfant suivi d'un « SCHPLOUF » retentissant. Je me tournai et constatai l'absence de Samuel, tandis que son frère, Raphaël, et Juju regardaient dans la même direction que lui auparavant, un air horrifié sur leurs visages innocents. Je me précipitai dans cette direction et remarquai des ricochets qui finissaient d'onduler à la surface de l'eau. Le CM qui était derrière nous accourut, sa bouche formant un « O » presque comique (en y réfléchissant après coup, parce que sur le moment j'étais mortifiée) ; il prit son talkie-walkie et informa le central de la situation, mais à mes yeux ce n'était pas suffisant ; ni une ni deux, je confiai mes affaires à Juju et Raphaël, retirai mon manteau, pressée par les cris du petit qui paniquait en-dessous, inspirai un grand coup et plongeai. Le CM cria, trop tard, l'air gonflait mes poumons.
Je crevai l'eau la tête en premier, l'eau froide me glaça les os mais me réveilla en même temps. J'ouvrai les yeux, obligée, même si je n'en avais pas du tout envie, et tournai la tête dans tous les sens afin de trouver Samuel. Je vis des jambes gigoter à ma droite, à quelques mètres, nageai dans cette direction lorsque tout le corps de l'enfant s'enfonça. Je me dépêchai, l'attrapai et remontai à la surface. Des cris parvenaient à mes oreilles mais je n'y prêtais pas attention, concentrée sur le corps de Samuel qui paraissait sans vie dans mes bras. Celui-ci avait les yeux fermés, sûrement évanoui. Ou pire. Non, je ne devais pas y penser !
Je jetai un coup d’œil aux alentours, m'assurant que le Molly Brown ne passait pas à ce moment-là. Je ne le vis pas en tout cas. J'évaluai la situation : ma force, le poids de Samuel, la distance à parcourir pour rejoindre le quai du bateau. C'était la seule option qui s'offrait à moi, me semblait-il. Je pris les bras de Samuel et les positionnai tant bien que mal autour de mon cou, puis me mis à nager sur le dos, le petit corps du garçon reposant sur ma poitrine. Je ne sais absolument pas comment je réussis à nager de cette manière, avec ce poids qui menaçait de nous faire couler tous deux. Je regardais le ciel, parsemé de nuages, afin de ne pas ingurgiter malencontreusement de l'eau, quand tout à coup retentit un bruit que je reconnus tout de suite : celui d'un bateau qui s'approchait.
Je tournai les yeux vers ma gauche, et le vis, le Molly Brown, crevant fièrement l'eau. Je ne pus être subjuguée par la beauté du monstre qui arrivait droit vers nous. En désespoir de cause, je me mis à nager plus vite, de plus en plus vite, du moins j'essayais, car mes muscles commençaient à fatiguer, mes poumons à manquer d'air...
Soudain je n'entendis plus rien. Les mécanismes du navire s'étaient arrêtés. Une voix s'éleva, comme dans un rêve : « Deux hommes à l'eau ! ». (Je vous en prie, je suis une femme !) Je vis une bouée blanche voler au-dessus de ma tête et atterrir à quelques mètres derrière moi. Je me dirigeai vers ce radeau de fortune, faisant passer Samuel dans le trou, et m'accrochai simplement aux anses. Il fut hissé à bord, et on m'envoya une corde que je dus grimper (c'est vrai, je n'étais pas assez crevée comme ça). Des CM livides mais méthodiques m'enveloppèrent dans une couverture, et s'occupèrent de réanimer Samuel. J'assistai à la scène, inquiète et trempée. Les secondes s'égrenèrent, devinrent minutes, puis des heures, puis des siècles, du moins en avais-je l'impression... avant que Samuel n'ouvre les yeux, crache l'eau qui était rentrée dans ses poumons, et recommence à respirer. Je m'autorisai à m'écrouler d'épuisement. Je ne fis pas attention aux regards des guests qui me dévisageaient et laissai ma tête aller contre la rambarde du bateau.
Nous descendîmes sur le quai, Samuel dans les bras d'un sauveteur. Je me forçai à lever les yeux tandis que les CM dégageaient un périmètre, et aperçus tous les DFCiens derrière l'entrée, nous observant arriver un air inquiet sur le visage, mais soulagés que nous soyons en vie. Sylvie, son mari et le frère de Samuel passèrent la foule et se dirigèrent vers le petit, tandis que je tombai sur un banc et fermai les yeux.
Bon, je te passe les embrassades que je refusai en raison de mon état trempé, les remerciements larmoyants de Sylvie et Felice, les applaudissements de tout le monde. Parce que personnellement, je ne me souviendrai pas forcément en bien de cette journée !
Pat m'a ensuite ramenée à l'hôtel à ma demande ; j'étais trop épuisée pour pouvoir faire quoi que ce soit du reste de la journée. Certes j'aurais raté une demi-journée au moins avec les amis, mais au moins j'aurais bien dormi...
Le lendemain, j'eus de nouveau droit à des applaudissements lorsque nous rejoignîmes les membres qui étaient là les deux jours. Je menaçai chacun que je voudrai plus jamais, au grand JAMAIS, tomber en panne à BTM. Edd m'a lancé en rigolant « Pourquoi, tu ne viendrais pas me sauver ?! » Je lui ai répondu qu'il était assez grand pour toucher le fond du lac...
Aaah, encore un pavé de mes aventures ! J'espère ne pas t'avoir perdue en cours de route !
Je te souhaite une bonne continuation et espère te revoir vite ! Une fois ce n'est pas assez !!
Je t'embrasse fort.